mercredi 31 décembre 2008

Chapitre 5: Le fornix Fabianus

Le lendemain, la villa resonnait encore des bruits et des conversations de la veille.
Una se leva et se dirigea vers la chambre de ses parents. Des verres et des restes de nourriture étaient répandus par terre. Una, pieds nus, zigzaguait entre les débris et remarqua que les esclaves débordés par le travail et le nettoyage, avaient passés toute la nuit à ranger la maison des Sertorius.
Una toqua à la porte de sa mère.
"Entre, Una" prononça sa mère. La jeune adolescente entrouvrit la porte et son visage fut inondé d'un soleil eblouissant. Sa mère se peignait devant son miroir et se faisait aider d'une esclave pour s'habiller. "Maman, nous partons au forum. Veux-tu que je te rapportes quelque chose du macellum*?"
"Laisse Una. Les esclaves s'en chargeront. Allez vous amuser, mais faites attention! C'est aujourd'hui que l'imperator mène ses actions en ville. Ne faites aucune betise et écartez vous de tout conflit. Veille-bien à ce que Titus ne se fasse pas surprendre par son tempérament. Je le connais bien celui-là". Una baissa les yeux, et n'osa pas dire à sa mère que Titus avait disparu depuis la veille au soir. Laissant sa mère à sa toilette matinale, elle disparu dans l'encadrement de la porte. Courant dans le couloir elle entra dans sa chambre et réveilla Gallia qui était encore endormie. "Gallia! Gallia! Allez réveille-toi on n'a pas de temps à perdre. Je vais réveiller les garçons". Una sortit puis ouvrit d'un geste brusque la porte de la chambre de ses deux frères.
"Allez! On sort du lit. Il faut retrouver Titus!" Serto revenant à ses esprits se souvint de la disparition du garçon et sauta d'un bond de son lit.
Dix minutes plus tard ils étaient tout les quatre dans la cuisine, mangeant leur petit-déjeuner composé d'œufs, de miel, de lait et de fruits.
Après ce festin les adolescents furent pret à partir. En sortant de la cuisine, ils furent surpris par une image décadente.
Des hommes étalés par terre avaient été placés les uns à cote des autres par les esclaves: leur état ne leur permettait pas de marcher tout seul. La célébration d'hier avait durée des heures entières et ne s'était terminée qu'au petit jour. Les quantités de vin qui avaient été ingurgitées étaient telles qu'il n'en restait plus une goutte dans toute la maison. Les esclaves en plus du rangement avait du aller refaire un stock de vivres, en allant acheter aux vendeurs ambulants dans la rue le strict nécessaire: du miel, du fromage, de l'huile d'olive, du pain et quelques amphores de vin.
Una et Gallia, suivies par les deux garçons, sortirent dans la rue et se frayèrent un chemin dans la foule de marchands, d'esclaves et de mendiants qui se pressaient autour d'eux.
Après avoir trouvé un recoin tranquille dans lequel ils pouvaient discuter tranquillement, Septimus demanda aux trois autres visages qui le regardait "Par où commencer? Je n'ai aucune idée d'oú est-ce qu'il peut etre.""Je propose que l'on commence par le forum"lui repondit Una. "Autant chercher une aiguille dans une botte de foin" répondit Serto.

"De toute facon, on a pas le choix il faut bien qu'on le retrouve"dit Gallia, deja impatiente de commencer les recherches.
Plongeant dans la foule, ils se laisserent emporter par le flot et se retrouvèrent sur le forum a peine quelques minutes plus tard.
Comme sur le forum d'Ostie, toutes les odeurs du marché revinrent leur piquer les yeux et leur bruler le nez. Les vendeurs ambulants criaient leur prix et vantaient leurs produits pendant que les porteurs amassaient les viandes et poissons frais venus de la mer en gros tas sur des charrettes. Les quatre adolescents marchèrent jusqu'à arriver à la fin de la Via Sacra, où il se retrouvèrent face a face avec un immense monument. Septimus qui fut toujours passioné d'Histoire murmura entre ses lèvres: "Le Fornix Fabianus".
"Qu'est ce que c'est?"lui demanda Una.
"C'est l'arche qu'Allobrogicus a fait dresser en son honneur a la suite de sa victoire sur les Allobroges en -121".
"Quelle modestie", siffla Serto entre ses dents.
"Allobrogicus? Est ce que c'était ce vieil homme, l'ancien general qui était assis entre Perpenna et Marius?"
"C'est ca! Il parait que c'est un adepte de la magie noire"répondit Septimus avec un frisson qui lui parcourut l'échine.
En s'avancant un peu plus vers l'immense arche, ils apercurent de nombreux details sculptes dans le marbre representant la bataille qui avait apparement ete gagnee sans aucune opposition aux soldats romains.
"Qu'y a t-il derriere?" demanda Una.
"Un jardin, lui repondit Gallia, c'est devenu un lieu de priere et de protection pour les soldats qui partent en campagne". En effet on pouvait voir derriere l'arche, des montagnes de fleurs qui avaient ete deposees, au pied de nombreuses statues, et des tapis de petales qui s'eparpillaient sur les chemins de paves.
Passant en dessous de l'arche les enfants se retrouverent nez a nez avec une statue de Janus, dieu des portes, il les ouvraient lorsque Rome etait en guerre et les fermaient lorque la cite etait en paix. La statue representait un homme a deux tetes, puisqu'il devait veiller sur la terre comme les cieux. Il tenait dans sa main gauche des cles et dans sa main droite un fouet car il etait l'unique et le seul a pouvoir ouvrir les portes et a veiller sur les chemins. La statue, dont les pieds etaient envahis par les fleurs, gardait cependant un air inquietant.
En avancant de quelques pas sur les chemins qui serpentaient dans le grand jardin, le groupe rencontraient au fur et a mesure, des statues de dieu et de deesses qui etaient adorees et priees par les citoyens de Rome.

Dans le jardin le dieu de la guerre, Mars avait sa statue au cote de sa soeur Minerve, deesse de la sagesse laquelle portait sur son bras une chouette. Vulcain, dieu de la forge et mari d'Aphrodite, deesse de l'amour etait situe pres de sa femme. D'autres dieux comme Neptune, dieu des mers et Vesta, deesse du foyer etaient aussi adores, notamment en tant de conflits quand femmes et enfants priaient pour l'homme de famille afin qu'il revienne sain et sauf au foyer et qu'il fasse bonne route sur les mers.
Les plus grandes statues situees au fond du jardin representaient Saturne et Jupiter dans leur grande splendeur en tant que dieux des dieux.
Les couleurs se melangeait et le vent qui s'engouffrait dans les bouquets de fleurs, repandait un aura d'irreel autour des quatre adolescents, admiratifs devant une telle image.
Le jardin etait calme et quelques femmes accompagnees d'enfants se promenaient a la recherche d'un endroit pour deposer leur fleurs. Celles-ci inondaient le moindre petit espace de libre, et les enfants etaient obliges de se suivre l'un derriere l'autre afin de ne pas marcher sur les plantes.
Des voix et des chants se faisaient entendre au loin installant dans le jardin une atmosphere divine et angelique.
Chaque general vainqueur d'une bataille avait eu droit a son propre sanctuaire construit et installe dans le jardin derriere l'arche du Fornix Fabianus. Le pere de Quintus Sertorius, grand-pere de Serto, Una et Septimus, avait ete victorieux, et avait eu l'honneur posthume de voir eriger en sa personne un temple lui rendant hommage.
"Allons voir du cote du sanctuaire de Grand-Pere pour faire une priere"dit Una.
Soudain, un cri se fit entendre du cote du sanctuaire. Les adolescents se reperant par rapport au bruit d'amphore cassees et des cris d'indignations pousses par certaines femmes, arriverent a trouver le lieu de l'incident et furent plus que surpris de trouver un homme d'une imposante carrure en train de retenir avec force Titus par sa toge. Celui-ci criait et se demenait afin de faire lacher prise a son oppresseur.


"Que s'est il passe?" demanda Serto avec empressement.
"Ce malotru trop presse a casse plusieurs vases sacres."
Les quatres adolescents n'en aurait pas moins attendu de Titus. Una se souvint alors de l'avertissement que sa mere lui avait donne ce matin. Surtout essayer de dtourner tout conflit de Titus. Mais ce garcon etait un aimant a betise et il ne leur etait pas possible de le garder enferme nuit et jour, et meme il trouverait surment un moyen pour se retrouver dans une situation delicate.
"Ecoute, comment t'appelles-tu?" demanda Serto a l'homme retenant Titus.
"Je suis le Flamen Martialis, charge de prendre soin du jardin et des divinites presentes en ces lieux. Ce garcon est une honte. Je n'accepterais pas, qu'un vulgaire fasse offense a nos dieux et deesses".
"Je comprends, lui repondit Serto, je suis pret a vous rembourser les degats de cet ignorant."
Serto connaissait bien les pretres et meme si leur mission etait divine il n'en restait pas moins humain. Il lui fit passer une bourse dans la main, et l'homme changea aussitot de regard, une lueur de cupidite s'alluma dans ses yeux, et regardant furtivement autour de lui pour voir si personne n'avait vu la transaction, il lacha prise. Titus courra pour aller rejoindre Gallia qui lui lanca un regard indigne.
"Sachez que cet argent rembourse les degats, mais ne peut guere effacer la colere des dieux contre ce profonateur."Puis il s'eloigna en soupesant la bourse qui lui avait fait sa journee.
Le regard des quatres adolescents se retourna vers le jeune fugueur qui debarasse d'un probleme se retrouvait a nouveau dans une situation difficile.
"Titus! Est tu inconscient? nous avons chercher partout pour te retrouver. Et bien sur Serto a du payer encore pour reparer tes betises, a ce train la famille de Serto sera ruinee."
Titus baissa les yeux et sembla vraiemnt repentant puis il leva la tete et le regard illumine s'adressa a sa soeur "Gallia, j'ai trouve quelque chose concernant l'amulette!"
Una qui entendit le mot amulette bondit et demanda avec un brin d'excitation dans la voix "Qu'a tu trouve? Dis-moi, dis-nous!"
"Regardez, vous voyez le signe la , la sphere surmontee d'un oeil, eh bien il ya exactement le meme sur le Fornix Fabianus."
"Et alors?" demanda Septimus.
"C'est pourtant clair non?: l'amulette est en relation directe avec Perpenna! Le meme signe que sur le Fornix Fabianus, cette amulette appartient a Perpenna!" Titus etait completement exalte par la nouvelle et semblait avoir oublie la colere de Gallia contre lui.
"Titus, c'est tres bien tout ca, mais il faut retourner a la maison on pourra faire plus de recherche dans la librairie de Quintus".

Les cinq, a nouveaux réunis, se dirigeait de nouveau vers le forum ou l'effervescence du marche matinal s'etait quelque peu calme. Una, Septimus et Titus marchaient devant, discutant avec animation de leur nouvelle decouverte alors que Gallia et Serto restaient en arriere, pensifs.
"Je suis desolee,Titus est incorrigible." dit Gallia le regard baisse.
"Ne t'inquiete pas, Gallia, il apprendra en temps et en heure ses responsabilites." Puis changeant de sujet et regardant au loin, il dit d'une traite "Ta mere a parle de mariage pour toi. T'en avait-elle deja parle?" Gallia le regarda, etonnee de ce nouveau sujet de conversation.
"Non, mais je savais que ce jour allait arriver...Je ne peux pas faire grand chose pour l'eviter"
"Je suis desole", repondit Serto.
L'etrange situation dans laquelle se trouvaient les deux adolescents fut coupee court par des agitations provenant de la rue ou se trouvait la villa des enfants. Des cris se firent entendre, et les cinq se dirigerent en courant vers le lieu du remue-menage.
Ils durent braver la foule pour arriver enfin dans la villa ou ils trouverent Julia effrondree dans la cuisine. "Que se passe t il Maman?" demanda Una a sa mere. Celle-ci n'eut meme pas le temps de repondre, un heraut qui passait dans la rue declara d'une voix fracassante "L'empereur a ete empoisone. L'empereur est mort!". Un silence de mort regnait dans la villa et deja s'annoncait que les evenements qui suivraient ne serait pas des plus joyeux...

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