vendredi 16 janvier 2009

Chapitre 1: Ostie

"Je m'ennuie, dit Titus à ses amis, faire des château de sable sur la plage, c'est plus de mon âge! Le garçon de 14 ans au cheveux blond comme le blé et aux yeux bleus, avait un charactère impatient et parfois impétueux.
-Si tu as une autre idee, je t'en prie, on attend que ca! lui repliqua Serto qui n'en pouvait plus des journées incessantes au bord de la plage. Je propose qu'on aille se balader sur le forum!
Un soleil de plomb regnait et la reverberation des rayons sur le sable aveuglait les adolescents qui étaient allongés sur le sable. Serto regarda ses deux frère et soeur: Una et Septimus étaient ,à 13 ans, les deux plus jeunes du clanus. Ils jouaient sans conviction à faire des pâtés dans le sable. Gallia, 15 ans et grande soeur de Titus, se leva brusquement et se dirigea vers la villa, puis elle se retourna vers les autres et leur répliqua:
-Eh bien qu'est ce qu'on attend? Allons-y!


***

Les cinq enfants étaient en route vers le forum. Una rouspetait deja a l'idée de faire les vingts minutes de marche qui separait la maison de campagne de son père et le forum de la ville d'Ostie. Autour d'eux, plusieurs champs d'oliviers se succedaient, cultivés par des agriculteurs des alentours, ils appartenaient a leur père, qui en faisait commerce. Ils rependaient autour d'eux une douce odeur méditéranéene. La saison des récoltes n'était pas encore là, et les olives sur les arbres arboraient encore une couleur jaune allant vers le vert.
De la maison de Quintus Sertorius, l'on pouvait voir la Porte Marine, une des trois entrées permettant d'acceder a la ville d'Ostie. Déjà les cinq adolescents entendaient le bruit et l'effervescence provenant de la ville. Située à peine à deux heures de Rome en litière, les généraux et autres nobles citadins venait souvent à Ostie prendre du bon temps et profiter de l'air marin. Dépassant la grande entrée, et marchant sur l'Occumanus,l'avenue principale, les enfants depassèrent échopes, commerçants et autres marchands venus tout particulièrement à Ostie pour échanger laine, épices, et autres biens contre du poisson ou autres nacres, connus pour leur qualité exemplaire et leur beauté inegalées.
Gallia passant à côté de commercants et de leurs étals, reniflait les odeurs de vin, d'huile d'olive, et d'épices, qui, insistantes, lui emplissaient les narines.
Des esclaves se tenaient sur des estrades, dans l'attente d'être vendus. Leur maître criaient les prix qui se faisait concurrence. Titus détourna la tête, d'un regard dégouté:
-Ces gens qui souffrent et que l'on vend comme si ils étaient un simple morceau de viande, comment peut on encore accepter ça!
-Doucement Titus, le calma Gallia, il nous faut vivre avec, que veux tu y faire?
Serto accompagnant la parole de Gallia par le geste pris Titus par les épaules et l'éloigna des bruits de l'inhumaine mise aux enchères.
-Gallia, dit-il a voix basse, il faut que tu fasses attention a ton frère, un jour il ne se retiendra pas et commencera une émeute. En tant qu'esclave ce ne serait pas recommendé.
-Je sais, lui répondit-elle, mais essaie de le comprendre. On a vécu les même horreurs que ces femmes et ces enfants.
-Tu sais bien que je suis le premier à comprendre votre condition, et le dernier a en être gêner, mais Gallia...s'il te plait?
-J'essaierai, mais je...Elle détourna la tête. Un bruit sec venait de se faire entendre provenant de l'estrade où s'agglutinaient les esclaves. Le vendeur avait en main un fouet et l'abattait à présent sur une jeune adolescente qui refusait de s'avancer au milieu de la tribune afin que les acheteurs puisse la contempler et décider de sa valeur.
Elle poussait des cris de souffrance mais semblait garder la tête haute dans cette situation si épouvantable. Ni Serto, ni Gallia n'eut le temps de réagir assez vite pour empêcher Titus de se précipiter fou de rage sur le marchand. Il lui arracha son fouet, et le vendeur surprit de cette attaque ne put rien faire quand Titus commença à lui tordre le bras et à lui mettre la main au cou. La foule était agglomérée et impressionée devant cet homme d'une quarantaine d'année qui se faisait mettre à terre par un adolescent de quatorze ans.
L'homme suffoquant, fut cependant capable de crier et d'attirer l'attention de deux gardes qui étaient postés à quelques pieds de là. Ils arrivèrent en quelques secondes mais s'arrêtèrent nets quand ils aperçurent l'étrangeté de la scène. Reprenant leurs esprits, ils prirent le garçon par les deux bras, lui rendant impossible quelconque emprise sur l'homme.
Celui-ci se releva et reprit son souffle, s'apprêtat a apprendre une bonne leçon à cet insolent mais Serto s'interposa; son statut en tant que fils aîné du général le rendait intouchable.
Dans l'émeute des esclaves étaient tombés de l'éstrade arrachant au passage des morceaux de barrière qui entourait la tribune.
-Mais pour qui te prend tu sale gosse, pour intervenir dans mes affaires ainsi!
-Excuse-le, c'est mon frère, il est de nature impétueuse et insolente! intervint Serto en soutenant le regard de l'homme.
-Je réclame réparation, l'état de ma barrière est déplorable et tout ça à cause de ton blanc-bec de frère.
-Tient, prend tout ça, lui dit-il en lui mettant dans la main une bourse, ça devrait réparer sans problème les dégats de mon frère et ta réputation.
L'homme lui envoya un regard noir et se posta furieux devant Titus. Le prenant par l'épaule, il lui enfonca son pouce sous la clavicule, lui insufflant une douleur aigue. Le garçon ne flancha pas.
-La prochaine fois que tu te sens le coeur d'un héro, soit sûr que tu ais les muscles qui vont avec, morveux! Tu es chanceux que ton frère soit là pour réparer tes dégats, et il se détourna de cet insignifiant obstacle qui ne lui avait pas complètement gaché sa journée puisque ce combat paraissait amener un certain intêret de ses clients sur la jeune adolescente fougueuse.
Celle-ci regarda Titus qui s'éloignai à contre-coeur et insatisfait de sa défaite, triste de ne pas avoir pu éviter à la jeune fille une vie d'ésclavitude.
Gallia regarda Serto qui lui-même regardait amèrement Titus.
Una pris la main de Titus qui se massait l'épaule, encore endolorie par le geste du vendeur d'ésclaves:
-On devait retourner à la maison, les parents doivent sans doute s'inquieter de notre abscence.
-Tu as sûrement raison, lui dit-il.


Sur le chemin chacun tentait d'oublier le malheureux incident et ils décidèrent de ne pas dire un mot de tout cela aux parents. Ils savaient tous que cela aurait pu leur coûter plus que les simples barrières en bois que Titus avait cassé.
Gallia voyant que son frère ruminait encore sa défaite et ravalait son honneur, se mit a sa hauteur, Serto ralentit le pas afin d'écouter sans se faire repérer.
-Arrête d’y penser, tu sais très bien que cela n'aurait jamais marché, commenca Gallia.
-Si Serto ne s'était pas interposé j'aurais peut-être pu m'en sortir sans altercation avec les gardes et il n'aurait pas été obligé de payer pour mes dégats. Il utilise toujours son pouvoir pour nous montrer qu'il a priorité sur nous.
- Il te considère comme un frère, dit Gallia, coléreuse, montant la voix et le regardant avec un regard assassin. Il te sauve la vie et toi, ingrat, tu l'insultes!
Gallia n'était jamais rentrée dans une colère aussi noire et le groupe avait stoppé sa marche, abasourdit par la montée en furie de l'aînée. Il régnait un silence de mort, et seul le vent qui s'engouffrait dans les branches des oliviers, provoquait un bruit de fond.
Titus la regarda et se rapprochant d'elle, lui murmura à l'oreille pour que les autres ne puissent l'entendre:
-Je suis désolé, dit-il avec un regard chagriné, mais sérieusement Gallia, tu te raccroches beaucoup trop a lui.
-Qu'est ce que tu racontes?
-Tu sais très bien que entre vous deux c'est impossible.
-Écoute, oublions tout ça! et elle dépassa le groupe, les incitant à marcher. Titus en dépassant Serto cru le voir rougir et afficher un sourire en coin.

vendredi 9 janvier 2009

Chapitre 2 : Une étrange découverte

Chapitre II : Une étrange découverte

« Allez venez! Dit Septimus, on va jouer dans le grenier, où l’on pourra se déguiser ! ». Le petit garçon se retourna vers Titus. « Titus, toi tu sais comment on y va ». En effet, pour y parvenir, il fallait passer par les allae qui menaient aux chambres des serviteurs, puis emprunter un petit escalier dérobé, une sorte de posticum. Mais pour cela, il fallait être accompagné de Titus ou de Gallia. Leur qualité d’esclave les autorisait à passer sans permission dans ces emplacements réservés aux esclaves. Et même si la famille des Sertorius était très libérale, qu’elle accordait la même considération aux enfants d’esclaves qu’aux autres, il y avait des zones dans la domus où ne gambadait pas comme ça.
Les cinq s’engagèrent sans plus attendre sur les pas de Titus. Ce dernier pour s’amuser, entreprit de monter les marches deux par deux, de plus en plus vite. Et la course s’amorça entre les uns et les autres. Serto avait des cuisses fortes et puissantes, et il ne tarda pas à rattraper Titus.
- « Je vais t’avoir mon petit frère » dit-il « attention ! ». Et il doubla alors Titus en s’accrochant à la rambarde de l’escalier.
- « On verra bien ce qu’on verra, par Jupiter tout puissant » s’exclama Titus avec une pointe d’émulation dans la voix. Et il disparut soudainement. Le reste de la troupe suivit Serto sans s’apercevoir de rien.
Quelle ne furent pas leur surprise de voir en arrivant derrière Serto, le sourire un peu haletant de Titus.
- Mais comment as-tu fait ! Cria Una ?
- Le cœur a ses raisons que le raison ne connait point, répliqua Titus, avec fierté.
- Dis-nous, dis-nous Titus ? Dit Septimus.
- Tu as fait usage du passage secret, demanda Gallia à son frère ? Tu m’avais juré de ne pas t’en servir tout seul !
Serto, alors, avec la voix grave qui le caractérisait :
"Vas-y montre-le nous ce passage secret" Titus se piqua et rétorqua aussitôt:
"Qu'à cela ne tienne"
Titus fit volte-face. Il se trouvait nez-à-nez avec la paroi du palier de l'escalier sur laquelle était sculpté le corps d'une femme tenant dans la main droite une branche d'olivier. Le relief formé par le visage gracieux faisait une saillie proéminente. Titus alors enfonça ses deux index dans les cavités occulaires du bas-relief. Alors un bruit sec se fit entendre, comme un cran duquel une grosse pression se serait relachée. Titus poussa sur le montant du mur et le fit pivoter sur lui-même. La pierre qui semblait si lourde depuis le couloir de l'escalier était d'une légèreté déconcertante. Une ouverture apparut et Titus disparut dans la pénombre.
"- Attends-nous, appela Una".
Mais c'était déjà trop tard et le reste du groupe s'engouffra dans le passage secret.
Titus les attendait les mains posées sur les hanches.
En réalité, c’était plus un raccourci qu’un passage secret, car ils débouchèrent, après quelques marches, sur la terrasse du dernier étage, celle qui était contiguë au grenier. L’azur du ciel frappait par sa sérénité. Pas un nuage à l’horizon. Le soleil n’était plus si pesant et troublant qu’avant, lorsqu’ils étaient sur le forum, lorsque l’altercation avait fait rage entre Titus et le marchand d’esclaves. En contrebas, la mer sur lequel se réverbérait les rayons du jour n’aveuglait même plus les jeunes gens. Et pourtant quelque chose dans l’air semblait en tension. Comme avant un tournoi ou une course de char, lorsque les sabots grattent la poussière, que les lanières des chars se tendent sous la main puissante des cochers, que les regards se croisent, emplis d’une inquiétude croissante et grandissante.
- Mais qui a construit ce raccourci, c’est fantastique ! s’étonna Septimus.
- C’est l’assistant de l’architecte de la villa, Fabiolus. Quand on était plus jeune, il nous avait révélé l’existence de ce mécanisme, dit Gallia. Elle ajouta : dans le temps, on faisait souvent ce genre de porte pour lutter contre les feux et les incendies. Mais cela était de mise surtout dans les anciennes maisons, lorsque le bois était le matériau de prédilection. Je crois que pour la villa d’Ostie, les architectes ont voulu s’amuser…
- En tout cas, sans rancune dit Serto à Titus. On est d’accord, c’est moi qui aie gagné ?
- Mais je suis arrivé le premier !
- C’est vrai, je le reconnais dans les faits c’est toi qui l’emporte. Il lui tendit la main droite.
- Sans rancune dit Titus en prenant la main.
Una brisa le silence qui s’était installé soudainement.
-Allez, on y va, oui ou non, à ce grenier. Je veux retrouver la poupée en ivoire que Gallia avait quand elle était petite. Tu sais celle que tu pouvais peigner et coiffer, et dont la petite bague ouvrait un coffre secret. Tu t’en souviens ?
Gallia sourit comme elle avait l’habitude de le faire, lorsqu’elle ne voulait pas répondre à une question. Dans ces moments-là, c’était dur de lui résister et de lui poser la question encore une fois.
Titus prit la tête du convoi et gravit les marches d’un petit escalier qui se profilait le long des toitures. Si l’excitation n’avait pas été à son comble pour les enfants, le vertige les aurait vraisemblablement destabilisés, car rapidement la plage en contrebas sembla une tâche safranée. C’est alors qu’ils aboutirent à une sorte de poterne, une petite porte encastrée dans la paroi du toit supérieur. Serto de ses bras déjà musclés et énergiques poussa le montant en bois, et s’offrit aux yeux des cinq un étage entier d’objets entassés et amoncelés.
« C’est là ! lâcha Una dans une sorte de jappement de joie. » Et elle partit en courant dans l’allée centrale. « Je vais la trouver en première ! Je vais la trouver en première ! chantonnait-elle. Et tous se mirent à courir dans le grenier, à la recherche frénétique de la poupée d’enfance de Gallia. Serto, lui aussi, singulièrement, fouillait les recoins de la salle avec entousiasme.
« Gallia, dit-il, ta poupée, je sais où elle est ! » Et il se précipita vers un coffre en hêtre massif, placé sous une fenêtre en forme d’œil de bœuf, qui diffusait une lumière éblouissante. »
Gallia s’approcha. Elle contemplait Serto se démener comme un démon à la recherche de cette objet qui appartenait à son enfance. « Je vais t’aider, mais je te préviens, moi, je ne sais pas où elle se trouve cette poupée ». Leurs mains s’effleurèrent.
De leur côté, Una et Septimus avaient entrepris une bataille de coussins de plumes d’oie. Septimus, suivant son habitude, jouait à la guerre. Dans ces cas-là, il devenait son père, le général Sertorius, le vainqueur des Cimbres et des Teutons. Una, quant à elle, riait aux éclats. Elle avait du mal à s’arrêter. Septimus se pencha sur l’oreille de sa petite sœur et les deux visages se figèrent quelques instants. « A l’attaque ! » crièrent soudain les deux enfants. Ils avaient changé de plan, ils passaient à l’assaut de Titus, qui, le pauvre, ne s’y attendaient pas du tout. Cependant, le choc des deux coussins fit perdre l’équilibre à Titus. Il chuta lentement, au ralenti presque, sur un petit secrétaire en pin. Un énorme craquement résonna dans tout le grenier. Les visages de Gallia et de Serto se tournèrent vers l’endroit d’où était parvenu le bruit.
« Qu’est ce qu’il se passe, dit l’ainé des Sertorius. Qu’est ce que vous avez encore donc fait !? ». En s’approchant de la scène, ils découvrirent Titus au milieu de débris de bois et les deux autres essayant plus au mois adroitement d’étouffer un fou rire.
« Et bien bravo Titus, c’est du beau boulot ! Tu as une idée de l’âge de ce meuble ? Les parents vont nous tuer. » Mais comme Titus ne rétorquait rien, Serto commença à s’inquiéter.
« - Titus ? réponds-nous ». Gallia interrompit : « Je le connais, il est en train de jouer la comédie. Il est solide comme un chêne. C’est pas cette petite chute qui va l’ébranler. ». Cependant, à la vue du visage pâle de son frère, l’appréhension l’envahit à son tour.
- Va chercher de l’aide, lança-t-elle à Septimus. Va chercher Le Germain, il saura quoi faire. » Le Germain était un esclave de la gens Sertorius qui avait été ramené de Germanie, à la suite d’une expédition romaine en Gaule. Cet homme d’aspect austère était de taille exceptionnelle. Ces connaissances sur les remèdes à base de plantes semblaient sans commune mesure avec les médecins romains. En une gorgée, on était soigné. Il préparait des mixtures amères mais efficientes.
Septimus se précipita par la porte en criant, l'affolement s'emparait des cinq. Pendant ce temps, Gallia continuait d'exmanier son frère. Ses lèvres livides, ses petites pommettes si roses à l'ordinaire, son teint si blafard ne pouvaient être le fait d'une simulation. Elle saisit son poignet pour essayer de voir si le sang circulait toujours dans ses veines. Elle avait vu faire ce geste au Germain, quand il passait en revue l'état de santé de la famille.
" Je ne sens rien " hurla-t-elle. Septimus revint avec le Germain. Ce dernier franchit le seuil de la porte. Tout le monde se tourna vers lui à ce moment précis.
"Merci d'être venu aussi vite" lancèrent les quatres enfants avec un brin dínquiètude dans leur voix.
- "Où se trouve Titus"demanda le Germain? "Suivez-moi", répondit Serto sans autre guise de réponse.
Et là se fut l'étonnement. Plus de Titus, volatilisé dans les airs.
" Mais où est-il passé?! Il était là, il y a quelques secondes de cela." Ils se précipitèrent à la fenêtre à tout hasard. Rien. Tout à coup, ils entendirent des craquements dans leur dos : Titus se tenait derrière heureux avec un grand sourire, les bras croisés, une pointe de forfanterie aux lèvres. "Vous y avez cru? Je vous ai bien eu!"
Au même moment, Una , entêtée dans sa recherche de la petite figurine, aperçut une bague aux reflets de Jaspre, au milieu de débris de procelaine. "Et ça, c'était à lui?" Gallia s'approcha et hocha la tête à la néagtive. "On dirait que cela provient de la poupée que nous recherchions..." La pierre que Una tenait dans ses mains se mit à briller. La pièce s'assombrit soudainement.
Le Germain palit. Ses yeux se voilèrent. Un frisson traversa les quatres adolescents.

dimanche 4 janvier 2009

Chapitre 3: Disparu!

Lorsque le soleil frappa le cadran solaire à la deuxième heure du matin - deux heures après le chant du coq, les cinq adolescents se réunirent au fond du jardin de la villa à côté du grand amandier que Quintus avait fait planter là en l'honneur de Ceres, déesse de la fertilité, et de la Terre afin de la remercier de la naissance de Serto. Des odeurs de lavande et de thym provenaient du jardin et s'éparpillaient autour d'eux.
Una jouait avec l'amulette trouvée et la fit passer à Gallia qui l'observa avec attention:
- C'est tout de même étrange, ces inscriptions...on dirait du Gaulois.
-Tu saurais le lire alors?, lui demanda Septimus.
-Impossible, nous sommmes partis de Gaulle tout petit, je ne me souviens plus de rien, dit-elle avec un air de deception et redonna l'amulette à Una.
Ce matin, les enfants avaient dû empaqueter leur bagages car Quintus Sertorius devait retourner à Rome afin d'assister a une assemblée tenue par l'imperator Marius.
Les enfants étaient soulagés de partir enfin...La villa d'Ostie n'offrait pas énormement d'activités.
Du fond du jardin, ils entendaient les bruits des préparatifs, la villa était nettoyée de fond en combles afin d'être retrouvée dans un état irréprochable à la prochaine visite des propriétaires.
- Una ! appella Julia, sa mère, de la maison, viens-ici, tu n'es pas encore prête pour le départ, et amène les autres avec toi. Nous partons dans vingts minutes!
Ils se levèrent tous avec paresse et se dirigèrent vers la villa, respirant pour une dernière fois la douce brise méditerranéenne.
En arrivant a la maison, ils y retrouvèrent Quintus et Julia ainsi que Teutomatos et Atia, les parents de Gallia et de Titus.
Teutomatos et Atia avaient pour statut celui d'esclave et l'avait donc donné automatiquement à leur enfants, cependant Quintus ne les traitaient pas comme tels. Il s'adressait à eux comme à de vieux amis et considérait Gallia et Titus comme ses filleuls.
- Arrivés à la maison, s'adressa Teutomatos à ses enfants vous nous aiderez à préparer le banquet que Quintus donne en l'honneur de l'imperator. Il aura lieu dans la soirée de demain.
Gallia hocha la tête et monta dans la litière où s'installaient Septimus et Una. Titus et Serto montaient à cheval, les suivant de près. Les parents de Gallia et Titus été installés dans une charrette transportant les baggages du groupe et ouvraient le chemin.
Chacun était dans ses rêveries: Serto regardait Gallia, avec ses cheveux blonds, dorés qui ondulaient au soleil, Una et Septimus rêvaient au banquet de demain et à la fête qui aura lieu; et Titus repensait à l'incident d'hier qui lui avait presque valut une sanction.
Gallia se posait toujours autant de questions par rapport à cette étrange amulette et les drôles de sentiments que celle-ci lui inspirait.

Après deux heures en litière, ils arrivèrent à Rome, à la maison de Quintus Sertorius, immense et stupéfiante. Des plantes étaient disposées à l'exterieur de la maison, donnant à celle-ci un air de jardin botanique. Des peintures la rendait encore plus discernable et somptueuse aux cotes des autres maisons. Faites de deux étages, le jardinier Quercus, avait fait monter du lierre jusqu'en haut de la maison à la demande de Julia.
A l'interieur, des fresques ornaient les murs et faisait croire à la présence d'un précieux patrimoine historique.
Après que les baggages eurent été enlevés des litières, les cinq adolescents se retrouvèrent dans l'atrium.
Mais à peine, Gallia eut elle eu le temps de s'assoir, qu'elle entendit son père l'appeler de sa voix grave et rauque:"Gallia! Gallia! Viens-ici!"
Elle mit au moins cinq minutes à le retrouver. Il était dans la cuisine en train de superviser la préparation des plats pour le soir meme.
"Gallia, où est ton frère?,demanda son père. Dès qu'il s'agit d'aider il se défile."
"Mais...commenca Gallia interloquée, il était à côté de moi il y a à peine trente secondes!"
"Si seulement on pouvait l'accrocher à une colonne avec des chaines, ca serait beaucoup plus facile de l'avoir sous la main, quand on a besoin de lui, bien sûr il trouve toujours un moyen pour s'échapper sans qu'on s'en apercoive."
Gallia était déjà partie chercher les autres mais entendait encore en sortant de cuisine,la voix de son père marmonner à propos de son fils qui n'en faisait qu'à sa tête.

Elle courait dans l'atrium à la recherche des quatres autres, qu'elle savait dans la chambre des garcons au deuxième étage, arriva jusqu'à la chambre de ses parents puis emprunta l'escalier à la droite de celle-ci, monta dans l'étroit passage qui l'amena directement en face de sa chambre, et continua tout droit et se planta devant la porte des garçons.
Balayant la pièce du regard, elle ne vit aucune trace de Titus. D'un regard agacé, elle se diriga vers son lit et s'assit dessus.
"Il est incorrigible, j'en ai marre de celui-là! La seule idée qu'il trouve c'est de disparaitre, en des temps si dangereux, ce n'est vraiment pas conseillé"
Titus, Una et Septimus, qui jouaient aux dames, la regardèrent interloqués, cela faisait déjà la deuxième fois qu'elle se fachait contre Titus en deux jours. Ce n'était jamais en son habitude de perdre son calme. Una se leva et vint s'assoir à côté d'elle. Elle lui prit la main et lui demanda:
"Gallia, qu'est ce qui se passe? j'ai l'impression que tu n'es plus toi-même en ce moment."
Gallia baissa le regard puis le dirigea vers Serto, qui continuait la partie de dames avec Septimus. Una la surprit, et baissa la voix "Gallia. Dis moi."
La jeune esclave se leva, se dirigea lentement vers la porte et sortit de la pièce.
Les deux garçons, qui la suivaient des yeux, et même Una renoncèrent à la suivre.
Elle descendit l'escalier et rejoignit sa mère dans le triclinium, une grande et somptueuse pièce, où elle s'occupait de disposer des lits spéciaux sur lesquels mangeraient les convives. Placés afin de creer une forme de fer à cheval, les lits entouraient une table sur laquelle seraient presentés les mets et autres délicieux plats.
Étant toujours à la recherche de son frère, elle passa devant plusieurs cuisiniers qui s'affairaient à la tache et des esclaves qui se dirigeaient vers les cusines en portant faisants, poissons, sangliers, epices, farine et autres produits frais venus du marché le matin-meme.
On entendait déjà les premières litières arrivées à la porte de la maison de Quintus; les bavardages des dames, le tapage des sabots contre le pavé de la rue: tout cela produisait un bruit fou dans lequel, pour s'entendre il fallait se crier dessus.
Septimus, qui avait entendu de la part de certains esclaves que Marius en personne assisterait au banquet avec sa femme, s'était précipité au bas des escaliers afin de voir cet homme que l'on disait si cruel. La guerre civile qui faisait rage à Rome entre Marcus et Cinna faisait chaque jour disparaitre des hommes et des femmes qui n'étaient pas en accord avec les idées de l'un ou de l'autre. Il n'était certainement pas bon pour un esclave révolté de 14 ans de se promener avec les gardes qui trainaient dans le rues...


Gallia, connaissant son frère et les ennuis dans lesquels il avait la mauvaise habitude de se mettre, commencait à s'inquieter nerveusement. Elle passa à coté d'un groupe de jeunes femmes vetues de stola qui regardaient ébahies les ornements et autres somptueuses mosaiques qui decoraient les murs et les plafonds de l'immense maison de la famille Sertorius. Courant autour de l'atrium et zigzagant entre les invités, elle entendit une grosse voix l'appeler. Regardant derrière elle, elle vit Quintus et son père, accompagnés de Julia et d'Atia, saluer les généraux et leur femmes. Elle se rapprocha d'eux, avec peine contre la foule.
"Gallia, lui dit Quintus en posant une main sur l'épaule de l'adolescente, va appeler mes enfants, j'aimerais les présenter au grand Marius"
Gallia hocha la tete et repartit dans l'autre sens, monta l'escalier et arriva enfin au deuxieme étage ou elle apercut Una et Serto regarder au-dessus de la balustrade en essayant d'identifier les différents invités. "Serto, Una, Venez-vite! votre père veut vous présenter".
Serto tourna la tete en meme temps que sa soeur et demanda d'un ton inquiet:"Toujours aucune trace de Titus?" "Non, mais depechez-vous, l'imperator est arrivé".
Ils descendirent quatre à quatre les escaliers, Serto repera Septimus dans la salle et le pris par le bras, le ramenant vers l'entrée de la maison ou leurs parents les attendaient.
Au moment ou ils se posterent à coté d'eux, la foule se divisa et au bout du chemin degagé apparu Marius, sompteux dans son costume de consul, l'oeil stricte et dur, surement d'avoir vu trop d'horreur dans sa vie.
Il s'approcha du groupe de l'hote de maison "Quintus, mon général le plus dévoué, comment va tu?""L'honneur de vous recevoir ne se caracterise que par une trop grande joie"repondit Quintus, puis il se tourna vers ses trois enfants "Permets-moi de te présenter, consul, mes trois enfants, Serto, Septimus et Una". Le regard de l'imperator passa sur les deux jumeaux, qui le regardaient avec un air ahuri, et s'arreta sur Serto "Mon garcon, lui dit-il en le regardant avec insistance, quel age as-tu?"Serto soutenant le regard de cet homme imposant répondit "Je ne suis plus qu'à deux ans de la toge prétexte" Marius haussant les sourcils esquissa un sourire "Bien...peut-etre un futur général" conclus-t-il. Sur le point de partir il se tourna brusquement vers Gallia qui s'était mise en retrait. Elle ne s'était pas rendue compte de son regard insitant et de son cote regardait si Titus n'avait pas apparu dans la salle. Tout la famille se retourna vers Gallia et Una l'appela d'un chuchotement. La jeune fille tourna la tete et rougit sous le regard du consul. Celui-ci paraissait hypnotisé et déclama d'une voix plus douce qu'avant "N'est elle pas en age de se marier?" Atia tourna la tete vers sa fille puis vers le consul et repondit "Ce sera pour bientot, imperator". Il detourna le regard puis s'éloigna dans la salle qui se pressait pour le laisser passer.
Gallia regarda sa mère puis s'en alla d'un pas décidé.
Serto, Septimus et Una la suivirent difficilement jusque dans un recoin du triclinium.
"Nous devons nous separer et chercher Titus, on se retrouve ici quand le banquet commence et que les invités seront installés"
Serto la regarda et acquiesca "Je propose que Septimus et Una y aillent ensembles, ils seront plus efficaces ainsi.""Soit, allons-y!"lui repondit-elle.
Les adolescents s'étaient séparés et ainsi mis à la recherche de Titus, brassant la foule d'invités qui venait vers eux a contre-sens. Au bout d'une demi-heure,quand ils se retouverent dans le triclinium, ils furent bien obligés de constater que Titus avait fugué !

vendredi 2 janvier 2009

Chapitre 4 : Le banquet

Installé aux portes de la villa des Sertorius, Septimus observa l'arrivée de Marius et de sa garde rapprochée. L'imperator excepté, c'était pour la plupart des hommes de hautes tailles, rustiques et trappus. Rien qu'à les voir, on sentait les soldats endurcis par des années de campagnes miltaires. Ce qui frappa surtour Septimus, ce fut la ressemblance de tous ces hommes, comme s'ils suivaient tous une même mode : les cheveux courts, une mèche tombant sur le front, les pattes nettes et nettoyées. Une barbe de quelques jours leur donnait un air impitoyable. L'homme le plus proche de Marius avait une large cicatrice qui partait de la commissure de la lèvre gauche jusqu'à l'oreille. Un tatouage de couleur mauve émergeait du haut de sa tunique.
Marius, au sein de cette faction semblait invulnérable, comme si aucun homme sur l'orbe terrestre n'eût pu lui porter atteinte. Septimus ressentit un sentiment d'admiration mêlé de répulsion. Son coeur battait pour l'héroïsme du consul en charge; parmi les enfants tout le monde parlait de ses victoires militaires sans équivoque, le genre de triomphe dont personne ne doutait. On savait le courage de l'homme, on savait ses décisions opportunes et l'on savait ses vengeances implacables et immuables. Mais d'un autre côté, le spectacle qu'il avait sous les yeux lui glaçait le sang. La violence des ces hommes étaient presque palpable, le sang qui coulait dans leur veine, apparent, et celui qu'ils avaient répandu manifeste.
L'homme à la cicatrice remarqua Septimus et le dévisagea.
"Tiens, petit, lâcha-t-il" en lui tendant un objet mince et oblong, n'oublie jamais la clémence de Marius.
Septimus tendit une main tremblante vers l' homme sans oser le regarder. Il saisit le présent avec appréhension. Car même s'il était le fils d'un tribun de la plèbe réputé et respecté, la tension physique qui se diffusait à l'arrivée de la faction de Marius pesait lourdement sur le jeune Septimus.
Il jeta d'abord un coup d'oeil furtif sur l'objet, dont le poids le surpris : c'était une dague de combat. Sa forme allongée illustrait pleinement sa fonction : pénétrer dans la chair humaine, écarter les tissus et faire couler le sang. L'enfant empauma le fourreau et tira sur le pomeau. Un bruit sec et strident éclata dans l' atmosphère. Septimus sursauta.
A ce moment-là, Una arriva par derrière et lui posa les mains sur les yeux.
"Qui est-ce?"demanda Una.
"Regarde ce que l'on m'a offert, Una" dit Septimus en montrant le couteau. Una, sans vraiment regarder ce dont il s'agissait, arracha le couteau et partit en courant. Mais elle se heurta à l'homme au regard de feu.
"Où vas-tu petite?" Una rétorqua sans se démonter : "Septimus doit m'attraper".
"Alors, faites attention à ne pas vous faire mal."
Serto père apparut sur le seuil de la porte. Tandis que les enfants déguerpissaient en courant dans le patio de la maison, Serto salua la troupe les uns après les autres. Ils se serraient la main. Mais en réalité, c'était l'avant-bras en entier qu'ils se saisissaient. Les manicules faisient un bruit sourd à chaque pougnée de main, claquant l'une sur l'autre. On aurait dit une sorte de geste de reconnaissance. Quand il arriva à Marius, il s'arrêta et leurs regards s'accorchèrent plus longtemps qu'à l'accoutumée. "Bienvenue dit Serto Père, nous vous avons préparé un repas que vous n'êtes pas prêts d'oublier."
Ils emboitèrent alors le pas du maître de maison.
Une heure plus tard, les convives avaient déjà bien bu. Les sangliers farcis et les oies "à la gauloise" avaient fait grand effet. Les enfants avaient en sainte horreur les plats compliqués dont leurs parents raffolaient. Cependant, le temps du dessert, ils ne l'auraient, pour rien au monde, manqué. Et quand le cuisinier frnachit le seuil de la maison pour servir le plat, en personne, sur la terrasse, aux invités, Una et le reste de ses frères et soeurs, se précipitèrent vers les tables.
"Doucement, les enfants s'exclama Quintus, vous allez renverser quelque chose!" Il claqua des doigts afin d'appeler un serviteur. "S'il vous plait, Afrique, faites apporter une autre table pour les enfants, avec un lit - cela devrait suffire." Une pièce montée. Cocus, le cuisinier, avait préparé une pièce montée. Et quelle taille! La hauteur de la construction bravait le regard de l'assemblée.
Des choux avaient été préalablement préparés , remplis d'une crème fouettée onctueuse et sucrée. Cocus ajoutait, pour que sa recette soit réussie, une pincé de sel de Sicile et le tour était joué, les pâtisseries avaient un goût sans pareil. Les enfants adoraient. Afrique, le serviteur entreprit de servir les invités. Il découpa alors avec une habileté saisissante les différentes parties du dessert, sans qu'aucun choux ne tombât. Quand tout le monde fut servi, une surprise accrut encore l'effervescence. Deux commis apportèrent une sorte de mousse gelée. C'était certainement du lait et des jaunes d'oeuf mélangés à du miel, qui avaient été soigneusement tenu au froid dans une glacière - la plupart des familles romaines n'avait pas les moyens d'en disposer, le luxe que cela constituait jeta un froid parmi le groupe de Marius.
- "Tu fais de grandes dépenses pour nous recevoir" lâcha l'imperator avec la secheresse qui le caractérisait si bien.
- "Toi et tes hommes méritent les meilleurs égards, Marius."
A ce moment-là, un grand bruit se fit entendre. Tout les invités se retrounèrent dans la direction du vacarme. Septimus se tenait là devant l'assemblée, les bras balants, la plat du dessert à l'envers, les choux par terre, la crème exploséeà droite à gauche. Ses yeux commencèrent à briller et bientôt des larmes coulèrent le long de ses joues.
Septimus : "Je ne l'ai pas fait exprès, Papa! Je voulais simplement en manger le plus possible. Dis-moi que je ne serai pas puni, dis-moi Papa."
C'est alors que Marius se leva et s' approcha de Spetimus.
« Toi qui est le septième de la lignée, tiens-toi comme un homme. Sèche ces larmes. Rien en ce monde ne justifie la peine, et encore moins les larmes qui sont une excuse pour nos faiblesses. Banni la lâcheté de ta vie. Vis sans peur et sans contraintes. »
L’enfant, sans réellement comprendre tout ce qui venait d’être dit par l’imperator, avait changé de regard. Sa pupille s’était figée dans le vide. Une sorte de sécheresse l’habitait maintenant. Une lueur le traversa.
Devant ce spectacle peu ordinaire, Una alors s’exclama : on dirait qu’il est hypnotisé ! Moi je vais faire la même chose avec notre amulette ! Je vais avoir des pouvoirs magiques, vous allez voir, comme notre imperator Marius !
Perpenna qui était encore à table à ce moment-là, tendit l’oreille lorsqu’il entendit le mot « amulette » . Cela ne tombait pas dans l’oreille d’un sourd. Ce petit homme aux orbites enfoncés loin dans le crâne, avait les lèvres minces et blanches. Son petit cou lui donnait un air trapu et massif; une sentiment de force, de violence plutôt, se dégageait de sa physionomie. Mais de cette violence des êtres traqués et faibles, comme les chiens quand ils sont acculés et qu'ils ne peuvent plus rien faire; ou que leur caractère flaccide et lâche rend capable de tout.

mercredi 31 décembre 2008

Chapitre 5: Le fornix Fabianus

Le lendemain, la villa resonnait encore des bruits et des conversations de la veille.
Una se leva et se dirigea vers la chambre de ses parents. Des verres et des restes de nourriture étaient répandus par terre. Una, pieds nus, zigzaguait entre les débris et remarqua que les esclaves débordés par le travail et le nettoyage, avaient passés toute la nuit à ranger la maison des Sertorius.
Una toqua à la porte de sa mère.
"Entre, Una" prononça sa mère. La jeune adolescente entrouvrit la porte et son visage fut inondé d'un soleil eblouissant. Sa mère se peignait devant son miroir et se faisait aider d'une esclave pour s'habiller. "Maman, nous partons au forum. Veux-tu que je te rapportes quelque chose du macellum*?"
"Laisse Una. Les esclaves s'en chargeront. Allez vous amuser, mais faites attention! C'est aujourd'hui que l'imperator mène ses actions en ville. Ne faites aucune betise et écartez vous de tout conflit. Veille-bien à ce que Titus ne se fasse pas surprendre par son tempérament. Je le connais bien celui-là". Una baissa les yeux, et n'osa pas dire à sa mère que Titus avait disparu depuis la veille au soir. Laissant sa mère à sa toilette matinale, elle disparu dans l'encadrement de la porte. Courant dans le couloir elle entra dans sa chambre et réveilla Gallia qui était encore endormie. "Gallia! Gallia! Allez réveille-toi on n'a pas de temps à perdre. Je vais réveiller les garçons". Una sortit puis ouvrit d'un geste brusque la porte de la chambre de ses deux frères.
"Allez! On sort du lit. Il faut retrouver Titus!" Serto revenant à ses esprits se souvint de la disparition du garçon et sauta d'un bond de son lit.
Dix minutes plus tard ils étaient tout les quatre dans la cuisine, mangeant leur petit-déjeuner composé d'œufs, de miel, de lait et de fruits.
Après ce festin les adolescents furent pret à partir. En sortant de la cuisine, ils furent surpris par une image décadente.
Des hommes étalés par terre avaient été placés les uns à cote des autres par les esclaves: leur état ne leur permettait pas de marcher tout seul. La célébration d'hier avait durée des heures entières et ne s'était terminée qu'au petit jour. Les quantités de vin qui avaient été ingurgitées étaient telles qu'il n'en restait plus une goutte dans toute la maison. Les esclaves en plus du rangement avait du aller refaire un stock de vivres, en allant acheter aux vendeurs ambulants dans la rue le strict nécessaire: du miel, du fromage, de l'huile d'olive, du pain et quelques amphores de vin.
Una et Gallia, suivies par les deux garçons, sortirent dans la rue et se frayèrent un chemin dans la foule de marchands, d'esclaves et de mendiants qui se pressaient autour d'eux.
Après avoir trouvé un recoin tranquille dans lequel ils pouvaient discuter tranquillement, Septimus demanda aux trois autres visages qui le regardait "Par où commencer? Je n'ai aucune idée d'oú est-ce qu'il peut etre.""Je propose que l'on commence par le forum"lui repondit Una. "Autant chercher une aiguille dans une botte de foin" répondit Serto.

"De toute facon, on a pas le choix il faut bien qu'on le retrouve"dit Gallia, deja impatiente de commencer les recherches.
Plongeant dans la foule, ils se laisserent emporter par le flot et se retrouvèrent sur le forum a peine quelques minutes plus tard.
Comme sur le forum d'Ostie, toutes les odeurs du marché revinrent leur piquer les yeux et leur bruler le nez. Les vendeurs ambulants criaient leur prix et vantaient leurs produits pendant que les porteurs amassaient les viandes et poissons frais venus de la mer en gros tas sur des charrettes. Les quatre adolescents marchèrent jusqu'à arriver à la fin de la Via Sacra, où il se retrouvèrent face a face avec un immense monument. Septimus qui fut toujours passioné d'Histoire murmura entre ses lèvres: "Le Fornix Fabianus".
"Qu'est ce que c'est?"lui demanda Una.
"C'est l'arche qu'Allobrogicus a fait dresser en son honneur a la suite de sa victoire sur les Allobroges en -121".
"Quelle modestie", siffla Serto entre ses dents.
"Allobrogicus? Est ce que c'était ce vieil homme, l'ancien general qui était assis entre Perpenna et Marius?"
"C'est ca! Il parait que c'est un adepte de la magie noire"répondit Septimus avec un frisson qui lui parcourut l'échine.
En s'avancant un peu plus vers l'immense arche, ils apercurent de nombreux details sculptes dans le marbre representant la bataille qui avait apparement ete gagnee sans aucune opposition aux soldats romains.
"Qu'y a t-il derriere?" demanda Una.
"Un jardin, lui repondit Gallia, c'est devenu un lieu de priere et de protection pour les soldats qui partent en campagne". En effet on pouvait voir derriere l'arche, des montagnes de fleurs qui avaient ete deposees, au pied de nombreuses statues, et des tapis de petales qui s'eparpillaient sur les chemins de paves.
Passant en dessous de l'arche les enfants se retrouverent nez a nez avec une statue de Janus, dieu des portes, il les ouvraient lorsque Rome etait en guerre et les fermaient lorque la cite etait en paix. La statue representait un homme a deux tetes, puisqu'il devait veiller sur la terre comme les cieux. Il tenait dans sa main gauche des cles et dans sa main droite un fouet car il etait l'unique et le seul a pouvoir ouvrir les portes et a veiller sur les chemins. La statue, dont les pieds etaient envahis par les fleurs, gardait cependant un air inquietant.
En avancant de quelques pas sur les chemins qui serpentaient dans le grand jardin, le groupe rencontraient au fur et a mesure, des statues de dieu et de deesses qui etaient adorees et priees par les citoyens de Rome.

Dans le jardin le dieu de la guerre, Mars avait sa statue au cote de sa soeur Minerve, deesse de la sagesse laquelle portait sur son bras une chouette. Vulcain, dieu de la forge et mari d'Aphrodite, deesse de l'amour etait situe pres de sa femme. D'autres dieux comme Neptune, dieu des mers et Vesta, deesse du foyer etaient aussi adores, notamment en tant de conflits quand femmes et enfants priaient pour l'homme de famille afin qu'il revienne sain et sauf au foyer et qu'il fasse bonne route sur les mers.
Les plus grandes statues situees au fond du jardin representaient Saturne et Jupiter dans leur grande splendeur en tant que dieux des dieux.
Les couleurs se melangeait et le vent qui s'engouffrait dans les bouquets de fleurs, repandait un aura d'irreel autour des quatre adolescents, admiratifs devant une telle image.
Le jardin etait calme et quelques femmes accompagnees d'enfants se promenaient a la recherche d'un endroit pour deposer leur fleurs. Celles-ci inondaient le moindre petit espace de libre, et les enfants etaient obliges de se suivre l'un derriere l'autre afin de ne pas marcher sur les plantes.
Des voix et des chants se faisaient entendre au loin installant dans le jardin une atmosphere divine et angelique.
Chaque general vainqueur d'une bataille avait eu droit a son propre sanctuaire construit et installe dans le jardin derriere l'arche du Fornix Fabianus. Le pere de Quintus Sertorius, grand-pere de Serto, Una et Septimus, avait ete victorieux, et avait eu l'honneur posthume de voir eriger en sa personne un temple lui rendant hommage.
"Allons voir du cote du sanctuaire de Grand-Pere pour faire une priere"dit Una.
Soudain, un cri se fit entendre du cote du sanctuaire. Les adolescents se reperant par rapport au bruit d'amphore cassees et des cris d'indignations pousses par certaines femmes, arriverent a trouver le lieu de l'incident et furent plus que surpris de trouver un homme d'une imposante carrure en train de retenir avec force Titus par sa toge. Celui-ci criait et se demenait afin de faire lacher prise a son oppresseur.


"Que s'est il passe?" demanda Serto avec empressement.
"Ce malotru trop presse a casse plusieurs vases sacres."
Les quatres adolescents n'en aurait pas moins attendu de Titus. Una se souvint alors de l'avertissement que sa mere lui avait donne ce matin. Surtout essayer de dtourner tout conflit de Titus. Mais ce garcon etait un aimant a betise et il ne leur etait pas possible de le garder enferme nuit et jour, et meme il trouverait surment un moyen pour se retrouver dans une situation delicate.
"Ecoute, comment t'appelles-tu?" demanda Serto a l'homme retenant Titus.
"Je suis le Flamen Martialis, charge de prendre soin du jardin et des divinites presentes en ces lieux. Ce garcon est une honte. Je n'accepterais pas, qu'un vulgaire fasse offense a nos dieux et deesses".
"Je comprends, lui repondit Serto, je suis pret a vous rembourser les degats de cet ignorant."
Serto connaissait bien les pretres et meme si leur mission etait divine il n'en restait pas moins humain. Il lui fit passer une bourse dans la main, et l'homme changea aussitot de regard, une lueur de cupidite s'alluma dans ses yeux, et regardant furtivement autour de lui pour voir si personne n'avait vu la transaction, il lacha prise. Titus courra pour aller rejoindre Gallia qui lui lanca un regard indigne.
"Sachez que cet argent rembourse les degats, mais ne peut guere effacer la colere des dieux contre ce profonateur."Puis il s'eloigna en soupesant la bourse qui lui avait fait sa journee.
Le regard des quatres adolescents se retourna vers le jeune fugueur qui debarasse d'un probleme se retrouvait a nouveau dans une situation difficile.
"Titus! Est tu inconscient? nous avons chercher partout pour te retrouver. Et bien sur Serto a du payer encore pour reparer tes betises, a ce train la famille de Serto sera ruinee."
Titus baissa les yeux et sembla vraiemnt repentant puis il leva la tete et le regard illumine s'adressa a sa soeur "Gallia, j'ai trouve quelque chose concernant l'amulette!"
Una qui entendit le mot amulette bondit et demanda avec un brin d'excitation dans la voix "Qu'a tu trouve? Dis-moi, dis-nous!"
"Regardez, vous voyez le signe la , la sphere surmontee d'un oeil, eh bien il ya exactement le meme sur le Fornix Fabianus."
"Et alors?" demanda Septimus.
"C'est pourtant clair non?: l'amulette est en relation directe avec Perpenna! Le meme signe que sur le Fornix Fabianus, cette amulette appartient a Perpenna!" Titus etait completement exalte par la nouvelle et semblait avoir oublie la colere de Gallia contre lui.
"Titus, c'est tres bien tout ca, mais il faut retourner a la maison on pourra faire plus de recherche dans la librairie de Quintus".

Les cinq, a nouveaux réunis, se dirigeait de nouveau vers le forum ou l'effervescence du marche matinal s'etait quelque peu calme. Una, Septimus et Titus marchaient devant, discutant avec animation de leur nouvelle decouverte alors que Gallia et Serto restaient en arriere, pensifs.
"Je suis desolee,Titus est incorrigible." dit Gallia le regard baisse.
"Ne t'inquiete pas, Gallia, il apprendra en temps et en heure ses responsabilites." Puis changeant de sujet et regardant au loin, il dit d'une traite "Ta mere a parle de mariage pour toi. T'en avait-elle deja parle?" Gallia le regarda, etonnee de ce nouveau sujet de conversation.
"Non, mais je savais que ce jour allait arriver...Je ne peux pas faire grand chose pour l'eviter"
"Je suis desole", repondit Serto.
L'etrange situation dans laquelle se trouvaient les deux adolescents fut coupee court par des agitations provenant de la rue ou se trouvait la villa des enfants. Des cris se firent entendre, et les cinq se dirigerent en courant vers le lieu du remue-menage.
Ils durent braver la foule pour arriver enfin dans la villa ou ils trouverent Julia effrondree dans la cuisine. "Que se passe t il Maman?" demanda Una a sa mere. Celle-ci n'eut meme pas le temps de repondre, un heraut qui passait dans la rue declara d'une voix fracassante "L'empereur a ete empoisone. L'empereur est mort!". Un silence de mort regnait dans la villa et deja s'annoncait que les evenements qui suivraient ne serait pas des plus joyeux...